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Christophe EGLES Enseignant-chercheur

| GB - Génie Biologique | BMBI - BioMécanique et BioIngénierie

Comment rendre un matériau biofonctionnel, de sorte qu'il dirige, module ou modifie le comportement des cellules du corps humain ? Chercheur au laboratoire biomécanique et bioingénierie (BMBI) de l'UTC, Christophe Egles est spécialiste de cette question. Parmi les innovations sur lesquelles il travaille, l'utilisation de soie pour favoriser la régénération d'un nerf sectionné. "A condition d'orienter les fibres nerveuses pour qu'elles repoussent toutes dans la même direction, et non dans tous les sens, le nerf se reconstitue, explique-t-il. Aujourd'hui, pour guider les cellules qui repoussent, on peut greffer un morceau d'un autre nerf du patient aux deux extrémités du nerf sectionné. Mais encore faut-il avoir la possibilité de prélever ce greffon sur un nerf dont la fonction n'est pas essentielle, ce qui n'est pas toujours le cas. D'où l'idée de développer un nerf bioartificiel en soie, matériau qui offre plusieurs avantages : il est naturel et a déjà fait ses preuves dans le domaine biomédical, notamment pour les fils de suture, ce qui est un atout pour amener plus vite une nouvelle application sur le marché."

En faisant appel à l'électrofilage, technique permettant de produire et mettre en forme des nanofibres de polymère, le chercheur a fabriqué de petits tubes de soie biomimétiques (ressemblant à de vrais nerfs), qu'il a enrichis avec des facteurs de croissance : des agents facilitant la repousse des neurones (les cellules dont les prolongements constituent les nerfs). Dans un premier temps, il a cultivé des neurones in vitro sur ces nerfs bioartificiels. Expérience concluante : parce que toutes leurs fibres sont orientées dans le même sens, les tubes de soie servent effectivement de rail guidant les prolongements des neurones dans la bonne direction. Puis, dans un deuxième temps, un nerf bioartificiel a été greffé sur des rats dont le nerf sciatique était sectionné. Résultat prometteur, là encore : le nerf lésé s'est reconstitué. Reste maintenant à valider si cette technique permet aux animaux de recouvrer une marche normale.

Mais la soie pourrait aussi trouver d'autres applications en ingénierie cellulaire. Christophe Egles étudie par exemple cette solution pour concevoir des pansements intelligents, accélérant la cicatrisation de plaies se refermant mal, ou pour recouvrir un implant en titane afin d'aider les tissus à s'y attacher.
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